Une oie des oiseaux

Création collective dirigée par François Lanel

Avec Jérôme Chantriaux, Louis-Marie Feuillet, Valérie Fosset, Brigitte Houngbedji, Ambre Lavandier, Jean Remy, Sandrine Sarrasin et Marie Scheffer

Assistantes à la mise en scène – Claire Le Plomb et Elsa Delmas

Production – La Cité Théâtre (Caen)

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Interview de François Lanel

De quoi parle la pièce que tu es en train de créer ?

Tout est parti d’une histoire proposée par Brigitte, l’une des comédiennes. Sans pouvoir se l’expliquer, elle se sent irrésistiblement attirée par une île bretonne. L’île de Groix. Brigitte raconte son voyage. Quand elle monte sur le pont du bateau, un cormoran est là, sur un piquet. Tout laisse penser que cet oiseau attend Brigitte, qu’il veut communiquer avec elle et l’entraîner sur l’île… Plus tard, elle aperçoit d’autres oiseaux sur la plage. Pensant alors reconnaître des oies de Sibérie, elle interroge un pêcheur qui se trouve là. Celui-ci s’éloigne rapidement après lui avoir répondu qu’il s’agit en réalité de… simples canards. Inquiète de l’avoir froissé, elle l’attend, pendant des heures, au bord de la mer… Les points de vue, les sensations, les rêveries des sept autres comédiens viennent compléter ce récit de départ. Leurs interventions arrangent, magnifient et bouleversent l’histoire initiale, devenue collective. Un peu comme un tableau cubiste où un objet, un paysage ou une personne, est vu(e) simultanément dans une seule et même image, sous différents angles.

Comment as-tu procédé pour préparer ce spectacle ?
Je n’avais aucune idée de ce qu’on allait faire ensemble, si ce n’est que je voulais partir des comédiens. Pour moi, cela n’avait pas de sens d’imaginer quoi que ce soit avant de les rencontrer. J’avais absolument besoin d’échanger avec eux, de les voir sur scène, d’observer leurs façons de bouger, de prendre la parole… Je voulais écouter ce qu’ils avaient à dire. C’est ainsi qu’est arrivée l’histoire de Brigitte. Mais Louis-Marie a raconté son premier job d’étudiant (dresseur de tétons aux Folies Bergère). Marie s’est imaginée dîner dans un restaurant naturiste… Ambre s’est rappelée d’une virée en Italie pour voir ses grands-parents ; un voyage durant lequel elle fait la connaissance d’une jeune fille, Ambra, qui semble étrangement savoir où habite sa famille, un peu plus haut dans la montagne… Finalement, je n’ai choisi qu’une seule de leurs histoires, comme un bon prétexte pour commencer à créer quelque chose.

Avais-tu des ambitions et des attentes particulières envers ce groupe d’amateurs ?

Je ne me sens pas tout à fait à l’aise avec cette notion d’amateurisme. Je ne me dis pas que je travaille avec des comédiens « amateurs ». Certains font du théâtre pour la première fois de leur vie, d’autres ont déjà fait plusieurs spectacles. Mais ces écarts d’expérience ne m’importent pas. Ce qui m’amuse, c’est de rêver avec différentes personnes. J’aime voir apparaître petit à petit sur le plateau une chose qui nous lie autant qu’elle nous dépasse, tous autant que nous sommes.

Comment s’est passée cette rencontre entre vous ?

Il y a toujours un pari à faire. Pour qu’un groupe se forme, cela demande naturellement un peu de temps. On ne se connaissait pas et apprivoiser l’autre ne se fait pas du jour au lendemain. Et puis, doucement, surgissent des complicités, des évidences… Sur ce qu’on fait ici, sur ce qu’on cherche… Avec le temps, on gagne en légèreté, comme des oiseaux !